samedi 10 mai 2008

Pékin 2008 ou les Jeux des droits de l’homme

Depuis son départ d’Athènes le 3 avril dernier, la flamme olympique, ou plutôt son passage dans plusieurs grandes villes du monde, aura donné lieu à une myriade de manifestations qui visaient toutes à dénoncer les constantes violations des droits de l’homme par le gouvernement chinois ou encore à réclamer la libération du Tibet occupé par la Chine depuis déjà près de 50 ans.

La Chine tient mordicus à ce que ces Jeux, qui ont été acquis de haute lutte après plusieurs tentatives infructueuses et en dépit d’une opposition de plusieurs pays, se déroulent sans incidents. Comme l’ont fait d’autres régimes avant elle (pensons aux Jeux de Berlin de 1936 qui servirent essentiellement à faire l’apologie du 3ième Reich et de ses lubies de supériorité raciale), la Chine compte se servir de ces Jeux pour montrer à la face du monde son nouveau statut de grande puissance et son entrée dans la modernité. Le régime de Pékin ne veut donc en aucun cas que des dissidents viennent ternir cette grande cérémonie.

Malheureusement pour les Chinois, les Jeux ont souvent été utilisés par plusieurs pays pour faire valoir certaines considérations d’ordre politique ou idéologique. Ainsi, en 1980, de nombreux États, dont les États-Unis, ont boycottés les Jeux de Moscou sous prétexte de dénoncer l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.

L'Amérique du Nord et les Jeux

Depuis le début du périple de la flamme olympique, plusieurs pays ont manifesté leur désir de montrer ouvertement leur désaccord avec les politiques du gouvernement chinois. Je pense entre autres à la Norvège, à l’Allemagne, à la Pologne et à la République Tchèque qui ont décidé de poser un geste significatif pour illustrer leur position par rapport au Tibet en ne participant pas aux cérémonies d’ouverture des Jeux.

De l’autre côté de l’Atlantique, la position des États-Unis et du Canada par rapport à la Chine est beaucoup moins courageuse. En dépit des nombreuses condamnations à l’égard de la politique du gouvernement chinois, ces deux pays ont vivement écartés toute mesure qui risquerait de froisser un tant soi peu le régime de Pékin. Nul n’en sera surpris puisque, comme à l’habitude, ce sont les intérêts économiques qui dictent la conduite à suivre des États-Unis et du Canada en matière de relations internationales.

Évidemment, on pourrait dire, à sa défense, que le Canada est essentiellement une économie d’exportation et que la Chine constitue le deuxième marché en importance pour ses produits. Néanmoins, nous serions en droit de nous attendre à un peu plus d’indignation ainsi qu’à des gestes plus concrets de la part d’un pays qui se veut le champion du respect des droits et libertés et du multiculturalisme. En réalité, bien que les Canadiens compatissent avec les souffrances du peuple tibétains et qu’ils s’opposent aux tentatives d’assimilation auxquelles ces derniers sont soumis, ils considèrent, tout comme le gouvernement qu’ils ont élu, que de recevoir officiellement le Dalaï Lama à Ottawa est le comble de la défiance à l’égard de l’Empire du milieu et qu’à cet effet, ils ont fait leur part pour le Tibet et les droits de l’homme.

Par leur volonté de faire primer les idéaux de justice et de respect des individus sur les considérations économiques à court terme, l’Europe fait paraitre les Nord-Américains comme étant bien lâches.

D’Iberville

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