samedi 31 mai 2008

Vers un "mai 68 du XXIe siècle" éthique ?

Depuis que je suis en âge de comprendre et d'analyser des évènements, la génération 68 me pose un problème de conscience. Comment une jeunesse qui s'est battue pour la fin de l'immobilisme peut autant bloquer une société en conservant les emplois les plus intéressants, en barrant la route aux nouvelles générations ? Bien entendu, ils ont simplement eu la chance de naître à une époque propice au changement. Qui pourrait objectivement déclarer que ces gens sont les plus révolutionnaires que le monde est enfanté ?

Toutefois, je reste fasciné par ces années durant lesquelles la création artistique a été formidable. Quelle chance de pouvoir écouter de jeunes groupes comme "The Doors", de participer à une révolution sexuelle, de remettre en cause l'ordre établit et surtout de voir que cela porte ses fruits! Le débat d'idées était vif et enthousiasmé, alimenté par des personnes diverses dont l'opinion n'était pas biaisé par une information uniformisée.

Mais, quel égo ! Quel sentiment de supériorité. Chaque fois que je rencontre un ex-68ard, je l'écoute en me disant qu'il s'exprime comme un ancien combattant qui est persuadé d'avoir vécu l'évènement le plus important du siècle.

Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils fait évoluer la société ? On ne peut pas être aux postes les plus importants et ne pas être responsable de l'évolution d'une société. Ils se sont révoltés contre un pays sclérosé, avec des valeurs d'un autre temps, pour nous offrir plus de liberté. Mais cette liberté s'est transformée en libéralisme, en économie de marché, en mondialisation par le bas, en consommation de masse, en standardisation de l'être humain. en male bouffe.

Il serait faux de mettre l'ensemble de ces dérives sur le dos de ces ex-68ards, tout comme il est faux de leurs accorder l'ensemble des progrès sociaux. On entend souvent dire, "Nous au moins on s'est bougé, que fait la jeunesse actuelle ?".

Et bien, pour ma part, je pense que la jeunesse s'engage pour des projets éthiques. S'il devait y avoir un "mai 68 du XXIe siècle", il pourrait se développer en réaction à une société de surconsommation. Une nouvelle génération ressent le besoin d'arrêter la marche en avant vers toujours plus de consommation de biens standardisés pour générer des points de croissance. Récemment, Nicols Sarkozy conseillait aux français de s'endetter pour consommer, en soulignant que si le recours au crédit se développait en France, il restait à un taux parmis les plus faible en Europe. Travailler plus, gagner plus, prendre un crédit, consommer des produits chers et qui ne durent pas longtemps ou qui deviendront vite technologiquement dépassés. Mais, dans quel objectif ? Celui de rendre heureux les gens ou celui de générer de l'activité économique pour faire gagner de l'argent aux capitalistes ?

Le "mai 68 du XXIe siècle" devra proposer une alternative crédible et durable. Actuellement, ce mouvement se structure. Il rassemble des gens innovants qui pensent que l'on peut vivre mieux avec moins en privilégiant une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l'argent et de la vitesse, moins gourmande des ressources de la planète. Comme l'écrit le responsable du département Tendances et Prospectives d'Ipsos, nous sommes à l'an 1 de la consommation durable : http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/2500.asp .

Autour de cette idée viennent se greffer différents thèmes comme le bio, le commerce équitable, le recyclage, le tourisme responsable, le consomm'acteur, les énergies propres, etc. Des mouvements se structurent : la simplicité volontaire, les créatifs culturels. Les associations ou entreprises qui se proposent d'accompagner le consommateur dans ses changements d'habitudes prennent de l'importance. Les acteurs majeurs de l'industrie, des services, communiquent sur une prise de conscience des facteurs environnementaux et sociaux, parfois en faisant du "greenwashing".

Il faudra surement du temps pour que cette nouvelle économie se consolide et devienne pérenne. Comme les ex-68 ards, il faudra prendre le risque de renverser l'ordre établit afin de redistribuer les cartes et de changer les valeurs de la société. Des phénomènes comme la monté des prix du pétrole, des matières premières, la prise de conscience de la fragilité de notre planète nous y aident. Le consommateur est sensibilisé dès que cela touche son argent. Si on lui apporte en plus de l'information qui lui permet de consommer local, durable, d'acheter des produits dont l'impact sur l'environnement est moindre, il peut devenir un consomm'acteur du changement.

Vollant

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout est dit!
Merci pour ce texte...
Je me suis lancée dans une drole d'aventure pour tenter de sauver la planète du désastre: ne rien acheter de neuf pendant un an (sauf nourriture, hygiène et santé) C'est sur: http://compact.over-blog.com

Seule, ça ne sert à rien, mais en faisant passer le message d'un blog à un autre, d'amis en amis et de connaissances à d'autres...Les petits ruisseaux font les grandes rivières et il faut multiplier les messages maintenant, avant qu'il ne soit trop tard!
Helene